Déclenchement de l’accouchement : comprendre

Victoria HENRY
25 nov.
5 min de lecture

Le déclenchement de l’accouchement est un sujet qui suscite souvent beaucoup de questions, parfois de l’inquiétude, et surtout un grand besoin de compréhension. Pour certaines femmes, il représente une étape inattendue, pour d’autres il fait partie d’un projet de naissance déjà envisagé. Dans tous les cas, être informée permet de rester actrice de son accouchement, même lorsque les choses s’écartent du scénario imaginé.

Dans cet article, je te propose un tour d’horizon complet :

• Pourquoi déclenche-t-on un accouchement ?

• Quelles sont les méthodes possibles ?

• Comment se préparer émotionnellement ?

Le déclenchement : de quoi parle-t-on exactement ?

Le déclenchement de l’accouchement, ou induction, consiste à provoquer artificiellement le début du travail lorsque la grossesse ne se met pas en route naturellement. Il peut être proposé pour des raisons médicales, ou parfois à la demande de la femme enceinte (notamment pour des raisons de confort ou de contexte organisationnel, selon les protocoles de certaines maternités).

En France aujourd’hui, environ 20 à 25 % des accouchements sont déclenchés, chiffres d’ailleurs en hausse.

Pourquoi propose-t-on un déclenchement ? Les principales raisons

Même si l’idée peut parfois surprendre ou inquiéter, un déclenchement est généralement proposé lorsque les bénéfices pour la santé de la mère ou du bébé sont supérieurs aux risques d’attendre davantage.

Voici les raisons les plus fréquemment évoquées :

• Dépassement du terme

C’est l’une des indications les plus connues. Selon les maternités, on propose un déclenchement vers 41 SA + quelques jours, lorsque la grossesse se prolonge au-delà de ce qui est considéré comme optimal pour la santé du bébé.

• Rupture de la poche des eaux sans contractions

Si le travail ne se déclenche pas spontanément dans un certain délai, un déclenchement peut être proposé pour éviter les risques d’infection.

• Hypertension, prééclampsie ou pathologies maternelles

Lorsqu’un état de santé nécessite une naissance plus rapide.

• Retard de croissance intra-utérin (RCIU)

Pour protéger la santé du bébé lorsque son développement ralentit.

• Diabète gestationnel (sous insuline)

Si la grossesse devient difficile à équilibrer.

• Raisons logistiques ou spécifiques

Dans certaines maternités, un déclenchement peut être envisagé pour raisons personnelles : distance importante du domicile, antécédents d’accouchements très rapides… mais cela dépend largement des protocoles.

Les différentes méthodes de déclenchement

Chaque méthode permet d’agir soit sur le col, soit sur les contractions, soit sur les deux.

Selon l’état du col (souple, fermé, long, court…), les équipes peuvent proposer :

Les méthodes mécaniques

• Le ballonnet (ou sonde de Foley)

Un petit ballon rempli de sérum physiologique placé dans le col pour l’aider à s’ouvrir progressivement. Méthode souvent bien tolérée, sans médicament.

• Le décollement des membranes

Un geste effectué lors d’un examen vaginal pour favoriser la production naturelle de prostaglandines. Il ne déclenche pas toujours le travail mais peut l’amorcer.

Les méthodes médicamenteuses

• Prostaglandines (gel, tampon, comprimé)

Elles permettent d'assouplir et d’ouvrir le col, et parfois de démarrer les contractions.

• Ocytocine de synthèse (perfusion)

Elle stimule les contractions. Souvent utilisée lorsque le col est déjà favorable.

La rupture artificielle des membranes (RAM)

Pratiquée lorsque le col est suffisamment ouvert. Elle libère les hormones naturelles et peut accélérer le travail.

Comment se déroule un déclenchement ?

Le déroulement dépend beaucoup de :

• la maturité du col, • la méthode utilisée, • la réaction de ton corps, • et du suivi proposé par la maternité.

En général, un déclenchement comprend plusieurs étapes :

Évaluation du col (score de Bishop)
Choix de la méthode adaptée
Mise en place du déclenchement
Phase d’attente (parfois quelques heures, parfois plus longtemps)
Début du travail
Accompagnement selon ton projet de naissance

Il est important de savoir que le déclenchement est parfois long : entre 12 et 48h, parfois davantage. Certaines femmes se préparent à un processus progressif ; cela peut aider à vivre cette temporalité en confiance.

Les ressentis physiques et émotionnels possibles

Chaque femme vit le déclenchement de manière différente. Voici ce qui revient fréquemment :

Physiquement :

• contractions parfois plus rapprochées ou plus intenses (selon les méthodes) • progression plus rapide une fois le travail installé

Émotionnellement :

• sentiment d’imprévu • frustration si l’accouchement ne démarre pas naturellement • soulagement d’être enfin dans "le moment" • parfois appréhension face à la médicalisation

Comment favoriser un déclenchement physiologique avant 41 SA ?

Certaines méthodes naturelles peuvent accompagner une mise en route spontanée de l’accouchement. Elles ne remplacent jamais un suivi médical, mais peuvent soutenir le corps.

Le mouvement

Marcher, danser, faire du ballon : → stimule la production d’ocytocine → favorise la descente du bébé

Le massage et le toucher affectif

Le massage prénatal ou la relaxation profonde sont de puissants alliés. Ils diminuent le stress et permettent au corps de “lâcher prise”.

Les relations sexuelles (méthode à l’italienne)

Les prostaglandines naturelles du sperme et l’ocytocine du plaisir peuvent aider le déclenchement naturel.

L’acupuncture, l'acupression et certains points réflexes

Sur des zones spécifiques des pieds, mains et épaules. À pratiquer uniquement avec un professionnel formé.

L’ostéopathie peut aussi être un bon soutien.

Certaines plantes (uniquement avec suivi !)

La naturopathie propose des plantes qui :

soutiennent l’équilibre émotionnel
diminuent les tensions
préparent l’utérus Mais elles ne doivent jamais être utilisées pour forcer un déclenchement.

La préparation émotionnelle

De nombreuses femmes se mettent en travail lorsqu’elles ont :

posé une peur,
réglé un détail personnel ou familial,
trouvé un apaisement.

Se préparer à un déclenchement

Même si un déclenchement n’était pas prévu, tu peux te réapproprier ton expérience. Voici quelques pistes :

• Demander toutes les explications nécessaires

Pourquoi cette méthode ?
Existe-t-il d’autres options ?
Quel est le rythme prévu ?
Comment puis-je être actrice dans le processus ?

• Apporter ton réconfort

Coussin, châle, huiles essentielles adaptées, playlist…

• Utiliser les techniques naturelles de confort

• Mouvements sur ballon • Postures anti-douleur • Visualisations • Bain ou douche chaude (selon possibilité)

• Te faire accompagner

La présence d'une doula est précieuse : • soutien émotionnel, • conseils pour la mobilité, • réassurance, • Communication avec l’équipe pour exprimer tes besoins.

Les limites et points de vigilance

Il est important d’avoir une vision complète :

• Processus parfois long

Plusieurs heures, voire plusieurs jours.

• Possibilité d’un travail plus intense

Selon les méthodes utilisées.

• Induction qui peut évoluer vers une césarienne si le travail ne progresse pas

Cela arrive dans certains cas, mais ce n’est pas systématique.

• Nécessité d’un monitoring fréquent

Plus de fils, donc parfois moins de mobilité (à discuter avec les équipes).

Et si je ne veux pas de déclenchement ?

La notion de consentement est essentielle. Tu peux toujours poser des questions, demander du temps de réflexion et faire part de tes préférences.

Tu peux poser des questions :

• Quelles sont les alternatives ? • Que se passe-t-il si on attend encore 24h ? • Quels sont les bénéfices vs les risques dans ma situation personnelle ? • Puis-je rentrer chez moi et revenir plus tard ?